Pour 8 femmes sur 10, les attitudes et décisions sexistes sont régulières au travail, selon un baromètre

01/07/2023

Huit femmes sur 10 estiment que les attitudes et décisions sexistes sont "régulières au travail", d'après le deuxième baromètre #StOpE, réalisé grâce aux réponses de près de 90.000 salariés.

Le baromètre #StOpE 2023, consulté par France Inter, révèle que huit femmes sur 10 estiment que les attitudes et décisions sexistes sont "régulières au travail". Un "constat inchangé depuis deux ans et aujourd'hui partagé par toutes les générations", ajoute le baromètre, qui note toutefois quelques évolutions positives.

L'initiative #StOpE - stop au sexisme ordinaire en entreprise - réunit près de 200 entreprises engagées contre le sexisme ordinaire au travail. Après un premier baromètre en 2021, le collectif dévoile ce jeudi les résultats de sa deuxième édition. Dans le détail, ce nouveau baromètre précise que pour 79% des femmes interrogées, "les femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes dans le monde du travail". Un constat partagé par "57% des hommes" et qui "stagne par rapport à 2021".


Peu d'évolution par rapport à 2021

Le baromètre souligne que les femmes sont confrontées à ce sexisme ordinaire de différentes façons : par le biais de blagues notamment, avec "plus des 3/4 des femmes exposées et 2/3 des hommes". L'étude ajoute que "6 femmes sur 10 ont déjà entendu des propos dégradants s'appuyant sur des représentations stéréotypées de la féminité" mais note toutefois un point positif : "Cette situation a reculé de 8 points par rapport à 2021".

La maternité continue également d'être perçue comme un "problème" pour l'entreprise et un "handicap" pour la carrière des femmes. Sur ce point, "près de 7 femmes sur 10 font état de ce type de propos, comme en 2021". Concernant l'évolution professionnelle : "50% des femmes jugent avoir déjà été confrontées à certains obstacles au cours de leur carrière en raison de leur sexe (augmentation ou primes non reçues : 36%, promotions non accordées : 31%)".

e baromètre explique que le sexisme ordinaire au travail n'est pas sans conséquences pour les femmes : "Une femme sur deux s'avère très affectée [...] quatre femmes sur dix ont déjà fait l'expérience de compliments sur leur physique ou leur tenue vestimentaire qui les ont mises mal à l'aise".

"Le sexisme ne faiblit pas"

Interrogée par France Inter, Brigitte Grésy, spécialiste des questions de sexisme au travail et qui accompagne les entreprises signataires s'attendait "à ce qu'il y ait vraiment des progrès notables [en 2023], d'une part parce que #MeToo est passé par là, le droit est passé par là, on a des nouvelles incriminations sexistes, notamment dans le code pénal". Et pourtant, ajoute-t-elle, "le sexisme ne faiblit pas".

"On ne sait jamais si ce sexisme ne faiblit pas parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ne savaient pas que c'était du sexisme et qui déclarent maintenant que cela en est", estime Brigitte Grésy. Mais pour la spécialiste, cela ne change rien aux conclusions : "Il n'empêche que nous avons 90 % des femmes qui estiment avoir été impactées par le sexisme et que cela a agi sur leur comportement au travail, 80% qui estiment que les inégalités professionnelles pour les femmes sont plus grandes, et 80 % qui estiment avoir été victimes de sexisme". Des chiffres qu'elle qualifie d'"énormes".

Des salariés plus attentifs au sexisme ordinaire

Le baromètre tire toutefois quelques enseignements plus positifs : le fait par exemple que "la moitié des salarié.es se déclare plus attentive aux propos et comportements sexistes. C'est deux fois plus que la moyenne nationale". Autre point, "en deux ans, la part des salarié.es ayant bénéficié d'une formation sur le sexisme au travail a plus que doublé dans les entreprises membres du collectif #StOpE. La moitié des salarié.es ont été sensibilisé.es au sujet, contre moins d'un quart en moyenne nationale".

*Le baromètre précise que près de 90 000 personnes réparties dans 15 organisations ont répondu à l'enquête. Le sondage a été mené par internet du 6 mars au 15 avril 2023

Source : Radio France